
La culture est trop souvent reléguée au second plan, perçue comme un supplément d’âme, un luxe dont on peut se passer en période de crise. Pourtant, elle est bien plus que cela : elle est le socle de notre lien social, un moteur de cohésion et un levier d’émancipation. En Bretagne, cette réalité s’incarne dans un maillage culturel dense et vivant, qui ne se limite pas aux grandes métropoles. Mais aujourd’hui, cette vitalité est menacée par des choix budgétaires injustes et un centralisme persistant.
Actuellement, partout en France, de nombreuses collectivités, organismes et ministères sont amenés à revoir à la baisse, voire à suspendre, certaines subventions destinées aux secteurs sportif, culturel et social. Ces ajustements budgétaires ont un impact direct sur de nombreux projets, structures et associations, mettant en difficulté des acteurs engagés au service du lien social.
Au-delà de ces structures, c’est tout un écosystème qui peut être fragilisé, tant sur le plan économique, avec des répercussions sur l’emploi et les métiers associés, que sur le plan humain, en affectant des personnes pour qui ces initiatives représentent un véritable soutien et un espace d’inclusion.
Face à ces enjeux, il est essentiel de rester mobilisés et solidaires pour préserver ces dynamiques essentielles à la cohésion sociale.
Le Pass Culture : un succès breton en danger
Prenons un exemple concret : le Pass Culture. En Bretagne, il a prouvé son efficacité en permettant à des milliers de jeunes d’accéder à des spectacles, des concerts, des musées, des livres. Un outil précieux pour démocratiser l’accès à la culture et soutenir l’ensemble des acteurs du secteur. Pourtant, il est aujourd’hui menacé par une réduction drastique des financements. La levée de boucliers des professionnels bretons, des libraires aux compagnies de théâtre, en passant par les cinémas indépendants, témoigne d’une inquiétude légitime. Car au-delà d’une simple coupe budgétaire, c’est un affaiblissement du lien entre la jeunesse et la culture qui est en jeu.
Un maillage culturel qui fait la force de la Bretagne
Contrairement à d’autres territoires, la culture en Bretagne ne se concentre pas uniquement dans ses grandes villes. Elle se vit et se crée partout : à Brignogan avec le Groupe Ouest, qui accompagne les scénaristes et alimente la création cinématographique française et européenne; à Pont-Aven, où les galeries et le musée rappellent que l’art breton s’est inscrit dans l’histoire de la peinture ; à Carhaix, où le Festival des Vieilles Charrues prouve que la ruralité peut être le théâtre d’un événement culturel d’envergure internationale.
Les maisons d’édition bretonnes, les centaines de bibliothèques et médiathèques, les lieux alternatifs qui émergent ici et là sont autant de preuves que la Bretagne est une terre de culture, qui ne se résume pas à Rennes ou Brest. C’est cette diversité et cette proximité qui font sa richesse. Mais pour la préserver, encore faut-il que les moyens suivent.
Un centralisme qui affaiblit les territoires
Combien de compagnies, d’artistes, d’associations se heurtent à un millefeuille administratif qui les épuise ? Combien de structures peinent à monter des projets faute d’interlocuteurs clairs et de financements lisibles ? À Paris, les décisions tombent sans tenir compte des réalités locales. Pendant que l’on discute d’autonomie pour la Corse, qu’en est-il d’une vraie décentralisation à la bretonne ?
La décentralisation culturelle ne doit pas être un vœu pieux. Elle est une nécessité pour que chaque territoire puisse s’épanouir pleinement. Cette décentralisation pourrait être l’opportunité de repenser ces politiques au plus proche des habitants, dans un modèle qui favorise l’initiative locale plutôt que la dépendance aux décisions parisiennes.
Un investissement stratégique pour l’avenir
Dans un monde où les extrêmes prospèrent, où l’intelligence artificielle bouleverse notre rapport au savoir, où l’information est de plus en plus manipulée, la culture est une arme pacifique, un rempart contre la désinformation, un outil d’émancipation. Ce n’est pas un coût, c’est un investissement.
La Bretagne a toujours été une terre de résistance et d’innovation. Il est temps d’affirmer haut et fort que la culture est un bien commun, essentiel à notre avenir collectif. Il est temps d’exiger que les moyens soient à la hauteur des ambitions. Parce qu’une Bretagne sans culture, ce n’est plus la Bretagne.
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