🗣 Peux-tu nous parler de ton engagement pour la Bretagne ?
J’ai depuis longtemps et suis toujours un engagé associatif, pour des festivals, pour un bagad cercle, pour un comité dans mon village… Je travaille également depuis 2017 pour une association régionale qui fait la promotion de la culture de notre culture et qui entend tout mettre en œuvre pour la confier aux générations futures.
Je ne conçois pas de Bretagne sans ce qui fait son terreau, le mouvement associatif et l’implication de la jeunesse. C’est aujourd’hui le sens de mon travail, de ma passion, de ma vision pour la Bretagne.
On aura beau être à la pointe dans beaucoup de domaines, si la culture, le sport, l’associatif ne sont pas fer de lance, ce sera perdu. On sait que l’équilibre du monde est fragile, on sait que les relations à l’altérité se complexifie, à petite échelle, on hisse des palissades pour ne plus voir ses voisins, à plus grande échelle, les nationalistes veulent hisser des murs pour ne plus voir nos « frères et sœurs » en migration. La Bretagne s’en sort mieux qu’ailleurs parce que la multitude d’associations qui la compose permet de créer ce lien entre des gens qui ne se parlerait pas autrement.
Mon engagement : il est créateur de lien pour faire société ensemble.
Mon engagement : il est créateur, l’art et la culture pour se dire dans un monde actuel, dans ce qu’il y a de visible et d’invisible.
Mon engagement : il est pour les générations futures, qui doutent, qui n’ont pas « accès à », il est pour les aider dans ce monde, et je l’espère pour eux, qu’ils pourront construire un monde nouveau.
🗣 Pourquoi as-tu rejoint le Breizh Lab ?
Considéré comme le dernier budget sur lequel on s’attarde, celui qu’on n’augmente jamais, qu’on diminue souvent : la Culture. Comme si l’immédiateté ne permettait pas d’acquiescer ce constat que tout cela est le ciment social, dans notre monde de plus en plus individualisé. En perte et fracas, ce monde ne rêve plus, ne se parle plus, la peur de l’autre, le besoin est immense d’une revitalité culturelle et sociale. Il faut donc arrêter de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Le breton ne vaut pas moins que le francilien, le campagnard ne vaut pas moins que le citadin, où est le digne accès aux cultures ?
Combien de citoyens, artistes, associations se sentent exclus de « l’empire administratif des collectivités et de l’éducation nationale. Un dossier ici, trois autre là-bas et bien sûr pas les mêmes, ça serait trop simple… Tous ces échelons, ces différentes entrées et interlocuteurs désespèrent les acteurs culturels. Combien de gens découragés regardant désemparer des hiérarchies imposées, culture d’en haut et d’en bas. Quand bien même les discours prônes l’inverse, l’attribution et la concentration des budgets sont là, mais au nom de quoi ?
La Bretagne a des défis majeurs entre ceux qui voudraient hisser des murs entre la Bretagne et la France, assumant la montée des nationalistes et ceux qui au contraire veulent les faire tomber et lutter contre toute forme de discrimination. Comment chaque breton peut-il continuer à se dire breton, français, européen dans un monde si inquiétant où le discours des extrêmes et la force des réseaux sociaux troublent la pensée des gens, il nous faut les combattre ?
Il nous faut ensemble affirmer, qu’en raison même de ces évolutions civilisationnelles, la culture est un investissement stratégique, gage d’une citoyenneté renforcée, d’autant plus essentiel en ces temps troublés. La culture est une force vivante, elle n’est pas une activité annexe qui doit être remisée en raison de problème budgétaire. Elle ouvre le champ des possibles, des rencontres, de l’Humanité…
Et si le projet d’Assemblée de Bretagne était l’occasion de réinventer les politiques publiques pour la culture, au plus proche du territoire ? Nul indépendantisme, se redire dans un nous, c’est faire avec les histoires des uns et des autres, dans un pacte Républicain, dans une décentralisation assumée.
Et si la Bretagne pouvait être ce nouveau modèle qui réconcilie l’habitant émancipé, l’habitant réenchanté. Faut-il plus largement que l’habitant puisse habiter son territoire. Au plus proche de celui-ci, un modèle social et culturel est à inventer venant du territoire, des acteurs et des habitants. Un travail en rhizome pour s’éloigner d’un vertigineux verticalisme. La société en a assez de cette concentration, ET des budgets ET des pouvoirs, à Paris. Le centralisme n’a fait qu’affaiblir la Bretagne, et par ricochets, les acteurs culturels, ceci est injuste et n’est plus acceptable.
A l’heure où l’on parle « d’autonomie dans la République » pour la Corse, quelle balance va se mettre en œuvre avec les autres régions ? Est-ce l’heure d’une réflexion en profondeur sur l’opérabilité décentralisatrice de chaque politique mise en place avec une présence significative et perméable de la culture ? Nous avons à proposer des rencontres, et des idées, pour les bretonnes et les bretons, pour une Bretagne d’avance qui anticipe les défis à venir, pour éviter d’éteindre avec des miettes, les feux du quotidien.
🗣 Selon toi, comment peut-on garder une Bretagne d’avance ?
Par les dernières élections, on a vu que garder une Bretagne tout court allait déjà être un défi ! Je suis du centre Bretagne (Locmalo) et je vis depuis 2017 à Auray, il faut être aveugle pour ne pas voir la fracture entre le littoral et la ruralité. Je n’oppose pas les deux car les cadres de vie sont différents et des gens peuvent s’y retrouver.
Mais il est clair que l’accès aux soins se fait rare, que l’investissement dans les associations est moindre, car les communes ont moins d’argent, que le sentiment de déclassement est réel.
Alors pour garder une Bretagne d’avance, l’urgence est d’accélérer la décentralisation et son « pacte 3Ds ». Nous n’y arriverons pas si on ne décide pas plus en Bretagne. Avec cela, il me semble important de mettre l’accent sur une formation ou un accompagnement aux élu.es qui le souhaitent pour porter leur mandant avec conviction et détermination.
Ma Bretagne d’avance sera d’abord le territoire qui restera apaisé et tolérant, qui logera sa jeunesse, qui lui proposera du travail et un cadre de vie.
Ma Bretagne d’avance, elle écoutera la jeunesse et lui répondra sur ses doutes sur les capacités à mettre en œuvre une politique sociale et écologiste face aux nombreux défis qui sont devant nous.
Le Breizh Lab est aussi là pour cela, écouter, entendre, proposer pour avancer plus rapidement, en dehors des clivages politiques, puisque tout le monde semble avoir des œillères.
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