Une Bretagne qui innove et qui s’ouvre au monde – Proposition 13
La question de la souveraineté alimentaire étant cruciale, l’expérimentation d’un EGALIM.BZH pourrait devenir un succès porté par une collectivité unique.
La Bretagne entre Armor et Argoat
Le récent rapport “Osons la régionalisation de la PAC en Bretagne”, présenté par la Région Bretagne et piloté par le vice-président à l’Agriculture Olivier Allain, affiche une ambition : « La Bretagne est une des régions les plus agricoles d’Europe. Elle est très homogène de ce point de vue, avec une dominance marquée de la polyculture élevage et des cultures légumières. Par conséquent, une régionalisation de la PAC en Bretagne permettrait de mieux adapter la politique agricole à ses spécificités ».
Le Breizh Lab partage cette ambition pour l’agriculture bretonne et pour le secteur de l’agroalimentaire qui lui est intimement lié. Une régionalisation totale de la PAC, des piliers 1 et 2, est nécessaire pour avoir les leviers financiers cruciaux pour agir et adapter la politique agricole régionale aux enjeux qui sont les nôtres, à l’interface entre les exigences d’une alimentation saine produite localement, et les impératifs de la transition écologique qui demandent que soient préservées les surfaces agricoles, la biodiversité et la qualité de l’eau.
Renforcer le modèle d’une agriculture familiale est clairement une priorité pour que les exploitants maîtrisent eux-mêmes le capital et cela permettra de faciliter également la transmission des exploitations permettant ainsi le renouvellement des générations. Le développement de l’agroécologie déjà enclenché devra être accéléré et soutenu plus que jamais demain. L’accompagnement de nos agriculteurs est un devoir qui nous incombe. Et nous, citoyens, en tant que consommateurs, avons aussi notre rôle à jouer. Il en va de notre responsabilité.
La Bretagne est aussi la première région de pêche de France et l’une des premières sur le plan européen. A l’échelle régionale la filière pêche bretonne est un fleuron économique, alimentaire et culturel. Elle contribue aux équilibres sociaux et territoriaux de la région.
Toutefois, en dépit de son importance la filière pêche bretonne a montré des fragilités durant les crises liées au COVID et face aux conséquences du Brexit. La résilience est possible mais elle est conditionnée à une réponse forte aux enjeux du moment crucial qu’elle vit.
Cette réponse forte passera par le soutien au développement d’une filière durable, sécurisée et modernisée (transitions énergétique et numérique) et notamment dans le renouvellement de la flotte. Il faudra aussi soutenir l’adaptation des pêcheries aux évolutions des stocks halieutiques et notamment dans le cadre du changement climatique. Adaptation qui nécessitera un accompagnement ciblé de la filière. Il y a également nécessité de poursuivre résolument l’objectif d’eaux saines, propres et productives , en lien étroit avec la profession, dans un état d’esprit de concertation et de co-construction permanent avec les pêcheurs professionnels comme cela se fait au sein de la conférence régionale mer et littoral.
Mais les deux priorités, au regard de l’actualité sont sans doute le soutien à la structuration du marché et la valorisation des produits halieutiques bretons, et à l’attractivité des métiers.
Comment relever le premier enjeu ? Avec une meilleure coordination des places de vente afin d’améliorer les services aux producteurs, un resserrement du lien au consommateur, local puis français, dans la continuité de la démarche enclenchée avec Breizh Alim. Face à une demande des consommateurs en constante augmentation, notamment depuis la crise sanitaire, et à une concurrence exacerbée par le Brexit, la filière pêche bretonne devra pouvoir répondre aux exigences des consommateurs et des distributeurs en termes de prévision d’apports, de traçabilité et bien sûr de qualité. Cela veut dire de manière concrète, assurer la promotion des produits bretons et leur traçabilité avec la création d’un label de marque comme le promeut l’association Breizhmer. Nécessité aussi bien sûr de poursuivre l’investissement dans le soutien à l’innovation de cette filière dans la transformation des produits de la mer et soutien à leur commercialisation. La filière régionale devra aussi pouvoir se doter d’un outil performant de suivi économique sur la performance des entreprises, les flux, la structuration des prix.
Et le deuxième enjeu, sans doute le plus important pour la filière, reste donc la formation et l’attractivité des métiers de la mer pour assurer le renouvellement des générations. Nous avons les outils de formation, il faudra sans doute mieux les coordonner et renforcer leur gouvernance. Nous avons un vivier qui ne demande qu’à grandir. Il faudra de manière ambitieuse, accentuer la promotion des métiers de la mer dès le plus jeune âge en soutenant le développement des classes de mer pour que chaque petite Breton en fasse au moins une au cours de son cursus. Mais également par des opérations de découverte auprès des collégiens et lycéens. Une éducation à la mer concrète tout au long du parcours scolaire. Il est temps de remettre de l’eau salée dans le biberon des petits Bretons et des petites Bretonnes qui elles aussi ont toute leur place dans ces métiers !
Enfin la question de la souveraineté́ alimentaire en Bretagne nous semble cruciale. Il ne s’agit plus de produire plus mais mieux et pour tous. C’est un des enseignements de la pandémie : les agriculteurs et les pêcheurs ont été les premiers sur le front. A cela vient s’adjoindre l’enjeu du respect de la Loi EGALIM et la Bretagne pourrait se donner le défi d’y parvenir en tirant les leçons des freins rencontrés au niveau national jusqu’ici, notamment avec un outil comme le G20 régional. EGALIM.BZH pourrait devenir un succès sur une terre d’expérimentation et d’engagements.
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