La montée des populismes et des replis identitaires partout dans le monde et aussi dans l’hexagone n’est pas anecdotique. Ce qui fait la force de la Bretagne, c’est sa capacité à assumer une identité forte, profonde et revendiquée, tout en faisant preuve d’ouverture et d’acceptation du progrès, une identité fière de ses racines mais ancrée dans la modernité.

Une identité décloisonnante, transversale et curieuse de la pluralité des hommes, ouverte à la diversité culturelle. C’est parce que les tentations de repli sur soi sont nombreuses et n’épargnent pas notre région qu’il n’a jamais été aussi essentiel de formuler des propositions concrètes et ambitieuses pour que la Bretagne demeure une terre de progrès.

La crise actuelle fonctionne également comme un accélérateur des tendances déjà à l’œuvre dans le « monde d’avant ». Fuite des métropoles au profit de la campagne, recherche de circuit court, relocalisation. Ces phénomènes qui obligent de reconsidérer les modalités de la production, de la consommation, et de la vie quotidienne sont les ingrédients d’un nouveau modèle économique vertueux pour une Bretagne belle, prospère, solidaire et ouverte sur le Monde.

Parce qu’elles sont bousculées par cette crise inédite, il est aujourd’hui indispensable de réaffirmer les valeurs des Bretons et de la Bretagne. Des valeurs d’universalités, mais aussi de l’identité duale de l’esprit breton : Gwen ha Du ; Armor Argoat ; Penn-ar–Bed. Fidèles à nos valeurs mais conscients des évolutions nécessaires, nous avons besoin de propositions fortes et innovantes pour être une nouvelle fois au rendez-vous de l’Histoire, et mieux encore, à l’avant-garde du changement.

Ces valeurs de la Bretagne, qui ont vocation à concerner tous les secteurs (économique, sport, culture, social, etc.) et tout individu qui souhaite se les approprier, doivent être réfléchies, discutées, débattues pour en faire un cadre de référence pour tous ceux qui ont la Bretagne au cœur. Elles pourraient être formalisées dans une « charte des valeurs qui font la Bretagne » élaborée de façon participative et signée lors d’un colloque réunissant notamment des personnalités issues de la société civile, des élus, des associations et des entreprises. Ces valeurs se définiraient en complément de celles qui régissent notre communauté nationale et républicaine. Cette charte pourrait être portée et diffusée par un réseau d’Ambassadeurs bretons constitué de personnalités désireuses de contribuer au rayonnement culturel, économique, social, touristique de la Bretagne. Ce type de réseau existe déjà dans d’autres régions. Il est en germe dans le Finistère à travers la plateforme de marque territoriale « Tout commence en Finistère ». Il doit être constitué au niveau de la Bretagne.

En 1902 Georges Dottin affirmait : « Rien n’est plus complexe que le caractère breton, ce prodigieux mélange de ténacité et d’indécision, d’énergie et d’inertie, de rusticité et de délicatesse, de matérialisme et d’idéalisme, de violence imprévue et de maitrise de soi-même, la simplicité du raisonnement unie à l’intelligence la plus souple et à l’imagination la plus vive ».

L’indécision et l’inertie en moins, c’est l’essence du progressisme à la bretonne qui a guidé les propositions formulées dans le présent document. Un travail de plus d’un an réalisé par des membres de la société civile, des élus, des associatifs, des étudiants, des chefs d’entreprises, vivant dans ou en dehors de la Bretagne, tous réunis par un engagement du cœur et de la raison au service de leur région.